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CHANGEMENT CLIMATIQUE ET SANTE - Demie journée scientifique de la Graduate School Santé Publique

La demi-journée scientifique de la Graduate School Santé Publique s’est tenue le 26 avril 2024 autour de la thématique « le changement climatique et la santé ». L’intervention de chercheurs de domaines et d’établissements variés a permis de dresser un tableau de l’impact du réchauffement climatique sur la santé et de discuter des enjeux scientifiques de cette thématique pour les structures de recherche afin d’identifier les leviers existants pour mener à bien ces recherches. Retour sur l’évènement…

Vague de chaleur, pénurie d’eau, qualité de l’air, inondations… Le changement climatique est un sujet dont nous entendons tous les jours parler, de manière directe ou indirecte.

 

Dans son rapport de 2021, le GIEC dresse un état des lieux de la situation climatique et de l’urgence qu’il y a à agir. Sophie Szopa  explique qu’avec +1.15°C de réchauffement global actuel, les changements irréversibles sont déjà visibles et engendrent des évènements extrêmes plus fréquents. Les conséquences de ces changements sont globales. D’une part, sur la santé de l’environnement comme l’impact sur la disponibilité en eau. D’autre part, sur la santé animale notamment via la migration d’espèces entrainant des maladies de type zoonose. Et enfin, sur la santé et le bienêtre humain avec une augmentation de la mortalité due à des évènements climatiques ainsi que des problèmes de santé mentale liés à l’écoanxiété ou/et aux traumatismes vécus suite à des évènements extrêmes. Ces conséquences, globales et transverses ne sont pas les mêmes sur l’ensemble de la population et varie selon différentes vulnérabilités, dont l’accès aux systèmes de santé est un facteur déterminant. Tarik Benmarhnia , par son étude des feux de forêts aux Etats-Unis, indique que le contexte socio-économique est aussi un facteur de vulnérabilité. En effet, les séquelles des feux de forêt sur la santé des populations sont hétérogènes et s’expliquent, entre autres, par des facteurs sociaux économiques. Cette hétérogénéité est mise en exergue par l’étude d’Emeline Lequy  réalisée en collaboration avec la Cour des Comptes. Lors d’une vague de chaleur, la population générale a tendance à augmenter sa consommation de soin, mais certaines populations sont plus à risque de consommer encore plus de soins : ainsi par exemple, si les femmes ont en général tendance à avoir plus recours au soin, en cas de vague de chaleur les hommes ont tendance à avoir encore plus recours au soin que les femmes (ces dernières augmentant aussi leur recours au soin en cas de vague de chaleur).

 

Il est donc indéniable que le changement climatique a un impact majeur sur la santé, et sur la santé globale. Ce facteur doit donc être intégré dans les différentes structures de recherche car, par son omniprésence et son impact global, il constitue un enjeu scientifique important. Au cours de la table ronde il a été également discuté des leviers scientifiques existants pour pourvoir prendre en compte cette réalité.

 

Raphaël Kermaïdic  le souligne   « rien qu’avec les facteurs socioéconomiques et environnementaux, on peut expliquer 75% de l’état de santé des populations ». Le facteur « changement climatique » constitue un enjeu stratégique dans la recherche. S’y intéresser dans le but d’agir de façon préventive et promotrice permettrait de réduire son impact sur les systèmes de santé, notamment en réduisant la mortalité. Cela permettrait aussi de diminuer les émissions de gaz à effet de serre du système de santé et autres produits nocifs pour l’environnement (tels que les déchets biologiques, chimiques, ménagers…) et en finalité être bénéfique pour la biodiversité.

 

Plusieurs propositions ont été faites lors de la table ronde en ce sens, notamment Maïana Houssaye  et Claire Rogel-Gaillard  ont souligné l’importance d’avoir des spécialistes dans le domaine du climat et de la santé qui travailleraient ensemble et de manière transdisciplinaire afin de ne pas avoir peur de renouveler des questions historiques de recherche. Ce renouvellement peut être généré par des formations, de la vulgarisation et une homogénéisation des données disponibles.

 

La communauté scientifique a tout intérêt à intégrer le facteur « changement climatique » dans ses programmes de recherche. Le premier levier scientifique pour mener à bien les recherches en prenant en compte ce facteur est la sensibilisation des équipes, comme par exemple via la formation ChanCES (Changement Climatique, transitions Et Santé) de l’EHESP. Sensibiliser, mobiliser et donc augmenter le nombre de chercheurs intégrant cette problématique dans leurs travaux peut à terme avoir un effet de lobbying. Il y a des instances sur lesquelles ils peuvent peser, notamment concernant les propositions de programmation à l’échelle européenne et internationales en intégrant le changement climatique et l’évolution du monde sur les décennies à venir dans la prise en compte des facteurs impactant ces grands projets.

 

Cette demi-journée scientifique s’est terminée par l’intervention de Jean-Christophe Mino avec une réflexion éthique autour de la santé et de l’environnement . Il a conclu que la recherche en santé et environnement est évidemment indispensable mais que la question de l’utilité de certaines recherches aux vues des contraintes globales, environnementales et de sobriété est à prendre en compte. En effet, l’impact de dispositifs futurs qui pourraient se révéler inutiles ou couteux en ressources est à considérer dès le début des recherches.

 

La journée s’est terminée par une citation : « La santé (…) est sans doute le premier bien et le fondement de tous les autres biens de cette vie » Descartes. Discours de la Méthode, 6eme partie.

 

La Graduate School Santé Publique tient à remercier les intervenants de la journée : Tarik Benmarhnia, Maïana Houssaye, Raphaël Kermaïdic, Emeline Lequy, Jean-Christophe Mino, Claire Rogel-Gaillard et Sophie Szopa.

Enfin, elle remercie chaleureusement Caroline Besson et Emeline Lequy pour leur implication dans l’organisation de cet évènement et la faculté de Médecine Paris-Saclay pour leur accueil.

 

Réécouter les conférences ici