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Sport et genre : Quel bilan à l’approche des Jeux olympiques de Paris 2024 ?

Recherche Article publié le 08 juillet 2024 , mis à jour le 10 juillet 2024

Cet article est issu de L'Édition n°24.

10 500, c’est le nombre d’athlètes attendus aux Jeux olympiques (JO) de Paris 2024, dont autant de femmes que d’hommes. Il s’agit en effet de l’un des engagements de la prochaine olympiade : devenir les premiers jeux paritaires de l’Histoire. En 32 éditions, cela n’était encore jamais arrivé et pour cause : d’hier à aujourd’hui, le sport est loin de faire figure de bon élève en matière de parité et d’inclusion. 

Les Jeux olympiques (JO) sont sans aucun doute l’un des plus grands évènements sportifs au monde, tant en nombre de nations représentées et de sports pratiqués que de public captivé ou d’athlètes impliqués. Pour autant, les femmes n’y ont pas toujours été les bienvenues. Lors des premiers JO de l’ère moderne, organisés en 1896 à Athènes sous l’impulsion de Pierre de Coubertin, pas une seule femme ne figure parmi les 241 athlètes conviés. Il faut attendre l’olympiade suivante, à Paris en 1900, pour que des sportives y fassent leur entrée. Elles sont alors 22 - pour 975 hommes – à concourir dans six disciplines, dont le tennis et le golf.

Une première victoire ? Pas tout à fait, selon Florys Castan-Vicente, enseignante-chercheuse au laboratoire Complexité, innovation, activités motrices et sportives (CIAMS – Univ. Paris-Saclay/Univ. Orléans). « Leur présence n’est pas officiellement reconnue par le Comité international olympique (CIO) qui considère leurs épreuves comme des démonstrations. Elles ne gagnent d’ailleurs pas de médailles mais des diplômes », explique la socio-historienne. Ce n’est qu’à partir des JO de Londres en 1908 que le CIO officialise la participation des femmes. Cette année-là, elles sont 37 à concourir, représentant à peine 2 % des athlètes. Un taux très faible qui se maintient pendant plusieurs éditions.
 

Une olympiade « impratique, inintéressante, inesthétique »

Cette lente arrivée des sportives sur les terrains olympiques n’est pas le fruit du hasard. Elle illustre les obstacles auxquels les femmes sont très tôt confrontées pour accéder aux activités physiques. « Le sport est un “fief” de la virilité qui s’est construit sur l’exclusion des femmes et ce, depuis le début du 19e siècle. Ce sont des hommes qui ont fondé les premiers clubs sportifs et il était ouvertement écrit dans leurs statuts que les femmes en étaient exclues », confirme Anaïs Bohuon, enseignante-chercheuse et responsable de l’équipe Corps, sport, genre et rapports de pouvoir au CIAMS.

Au 19e siècle, les disciplines autorisées aux femmes se comptent sur les doigts d’une main. En revanche, les arguments pour limiter voire interdire la pratique féminine sont nombreux. Certains invoquent des questions de pudeur ou de manque d’élégance. « Il y a aussi cette idée que voir une femme faire du sport est laid. C’est un argument qu’on retrouve régulièrement dans les écrits et les archives », ajoute Florys Castan-Vicente qui a consacré sa thèse aux liens entre activités physiques et féminismes en France.

À ces considérations morales et esthétiques s’ajoutent des arguments biologiques largement véhiculés par les discours médicaux et affirmant que les femmes sont trop faibles pour faire du sport. « C’est le mythe de l’éternelle blessée », renchérit l'enseignante- chercheuse. « On prétend que le corps des femmes est un corps blessé, malade en permanence. Il faut donc le confiner à l’inactivité pour le protéger et préserver ses capacités de procréation. » Tous ces arguments conduisent à l’époque à un rejet très actif des sportives, y compris de la part de Pierre de Coubertin qui juge qu’une « olympiade femelle serait impratique, inintéressante, inesthétique et incorrecte. » Mais des voix s’élèvent contre cette exclusion, dont celle d’une figure méconnue de l’histoire du sport : la Française Alice Milliat.

Athlète passionnée devenue veuve à 24 ans, Alice Milliat « joue un rôle central dans l’institutionnalisation du sport féminin », résume Florys Castan-Vicente. En 1919, elle prend la tête de la Fédération des sociétés féminines sportives de France (FSFSF), avec laquelle elle organise des compétitions dans diverses disciplines. C’est ainsi que la première équipe de France féminine de football voit le jour. En 1921, la dirigeante franchit un nouveau pas avec la création de la Fédération sportive féminine internationale (FSFI). À deux reprises, Alice Milliat réclame auprès du CIO l’ouverture d’épreuves d’athlétisme aux femmes. En vain. Elle décide alors de prendre les choses en main.

En août 1922, avec la FSFI, elle organise à Paris la première édition des Jeux mondiaux féminins. L’événement rassemble 77 athlètes de cinq pays qui s’affrontent dans différentes disciplines, dont l’athlétisme. « Ces premiers Jeux mondiaux féminins sont un succès et accueillent plus de 15 000 spectateurs », raconte la socio-historienne. C’est une première consécration pour Alice Milliat et sa fédération, qui renouvellent l’évènement en 1926 à Göteborg, en Suède.
 

L’affaire du 800 m femmes de 1928

Après d’intenses débats, le CIO décide finalement d’ouvrir cinq épreuves d’athlétisme aux femmes, dont le 800 mètres, aux JO de 1928 à Amsterdam. C’est l’Allemande Lina Radke qui remporte l’épreuve en 2 min 16 s 9, battant le record mondial. Ce n’est pourtant pas cet exploit qui défraye la chronique mais le « fâcheux spectacle de l’arrivée. » Les journaux décrivent des coureuses s’effondrant « à demi-mortes » sur la piste, en proie à « des vomissements » et « des crises de nerfs de première classe. » Sauf que les vidéos de l’épreuve montrent une scène bien différente.

On y voit les neuf concurrentes passer la ligne d’arrivée. Une seule s’écroule brièvement tandis que les autres apparaissent simplement épuisées par l’épreuve ou déçues de leur défaite. Selon Florys Castan-Vicente, ce 800 m fait l’objet d’une vraie campagne de désinformation : « aujourd’hui, on parlerait de fake news. Cette rumeur se répand à l’international comme une traînée de poudre, avec exactement les mêmes descriptions dans des journaux français, britanniques, australiens et new-yorkais. » Et la campagne de désinformation porte ses fruits. « Elle est utilisée comme une preuve de l’incapacité des femmes à courir sur de longues distances. » Suite à cela, le CIO et la Fédération internationale d’athlétisme interdisent aux femmes toute course supérieure à 200 m. Ce n’est qu’en 1960, à Rome, que l’épreuve féminine du 800 m fera son retour aux JO.

Sous l’argument de leur prétendue infériorité biologique, « il y a une sorte de désportivisation dans l’accès des femmes aux sports », dénonce Anaïs Bohuon. « On leur fait courir des distances plus courtes, on réduit le nombre de haies, on allège les poids. On leur interdit aussi tous les sports jugés trop violents », pour lesquels on instaure des versions moins violentes, jugées plus adaptées aux femmes. « La barette en est un bon exemple. » Ce sport s’apparente au rugby à la différence notable que les plaquages y sont interdits.

Malgré les nombreuses avancées du début du siècle, les années 30 enclenchent une forte régression, la faute à la crise économique internationale. « Il y a aussi une montée des idéologies fascistes qui voient d’un très mauvais œil les sportives, leurs activités et leurs organisations indépendantes », souligne Florys Castan-Vicente. La FSFI n’y survit pas. Les derniers Jeux féminins se tiennent en 1934 à Londres. Deux ans plus tard, la fédération met la clé sous la porte. Alice Milliat quitte la scène sportive. La Seconde Guerre mondiale marque le retour des restrictions pour les femmes, qui se voient interdire la pratique du football, du rugby, de la boxe et du cyclisme.
 

Des « contrôles de sexe » pour les sportives

Après une longue période de vide, les années 60 marquent un renouveau dans la pratique sportive des femmes. Mais elles livrent aussi un nouvel exemple du traitement asymétrique des sexes dans le monde du sport. En 1966, les championnats d’Europe d’athlétisme à Budapest sont le terrain d’application d’une nouvelle mesure : le « contrôle de sexe ». Réservée aux sportives, la procédure vise à « confirmer l’identité sexuée des concurrentes » et a pour objectif affiché « d’éviter la fraude en empêchant d’éventuels hommes de concourir chez les femmes », explique Anaïs Bohuon dans l’ouvrage qu’elle consacre à ces « contrôles de sexe », plus tard appelés « tests de féminité. »

La création de ce contrôle reflète les critiques et les suspicions qui émergent très tôt face aux performances féminines. « Le sport est une discipline qui bouleverse et transforme les morphologies », souligne l'enseignante-chercheuse. Chez les femmes, ces transformations ont toutefois une résonance particulière. Dès les années 20, des athlètes font l’objet d’un vrai « procès de virilisation » : leurs corps sont jugés trop puissants, trop musculeux, trop poilus… Pour certaines, les remarques vont jusqu’à remettre en doute leur appartenance au sexe féminin et les accuser de ne pas être de « vraies femmes ».

Le « contrôle de sexe » entend mettre fin aux polémiques. En 1966, il consiste en un examen gynécologique et des tests de force pour évaluer la puissance musculaire et la capacité respiratoire. « C’est très révélateur », relève Anaïs Bohuon. « On demande aux sportives de présenter des aptitudes en deçà des capacités masculines. On tente donc de définir ce que doit être une vraie femme par une infériorité physique par rapport aux hommes. » Mais c’est surtout la mise en pratique « très humiliante » du contrôle qui est pointée du doigt : les athlètes font la queue nues en attendant de montrer leurs organes génitaux à trois médecins, selon les témoignages recueillis par l’enseignante- chercheuse.

En 1968, ce contrôle est remplacé par le test dit du corpuscule de Barr qui vise à révéler la présence d’un second chromosome sexuel X. Les individus XX étant considérés génétiquement féminins et ceux XY comme masculins, l’examen est censé confirmer l’identité sexuelle des sportives. En 1992, le test du corpuscule de Barr, jugé trop peu fiable et sujet à de fausses interprétations, est remplacé par le test PCR/SRY, cherchant cette fois à établir l’absence d’un chromosome Y.

Ce nouveau test, comme le précédent, se heurte toutefois à une difficulté majeure face à l’intersexuation : certaines personnes se révèlent être X0, XXY ou XY avec une insensibilité (partielle ou totale) aux androgènes. Autant de particularités qui peuvent entraîner une « inadéquation » entre sexe génétique et apparence physique. Avec ces contrôles, « les instances sportives se sont rendu compte de la difficulté de déterminer le sexe d’une personne mais aussi de définir ce qu’est "une vraie femme" autorisée à concourir », commente Anaïs Bohuon.

En bousculant les normes de sexe et de genre, « l’intersexuation remet totalement en question la bi-catégorisation sexuée – la stricte séparation des sexes – sur laquelle s’est construit le monde sportif. » Que faire de ces cas de différenciations sexuées ? Ces particularités confèrent-elles un avantage physique par rapport aux autres sportives ? Autant de questions auxquelles les débats peinent à répondre. Dans les années 2000, le CIO supprime les tests de manière systématique et obligatoire mais autorise à mener des examens en cas d’interrogation sur l’identité sexuée d’une sportive. C’est dans ce contexte qu’émerge le cas de Caster Semenya.

Cette jeune athlète sud-africaine s’illustre en 2009 aux championnats du monde d’athlétisme de Berlin où elle remporte le 800 m féminin en 1 min 55 s 45. Très vite, les commentaires fusent : on juge ses épaules trop larges, sa voix trop grave, sa musculature trop importante… Les examens révèlent que Caster Semenya présente de l’hyperandrogénie, autrement dit une production jugée excessive de testostérone. Dès lors, « pour la Fédération d’athlétisme, le CIO puis d’autres fédérations, c’est le sexe hormonal, donc le niveau de testostérone, qui va définir ce que doit être une vraie femme autorisée à concourir », raconte Anaïs Bohuon. Sauf que « la testostérone n’est pas l’hormone miracle dans la performance sportive. Et toutes les études ont de grandes difficultés à montrer que seule la testostérone permet aux athlètes d’exceller. »

Malgré tout, les règlements ne font que se durcir depuis 2011. Alors qu’elle était initialement fixée à 10 nanomoles de testostérone par litre de sang (nmol/L), la limite est passée à 2,5 nmol/L pour certaines fédérations, dont celle d’athlétisme. Et les sportives présentant de l’hyperandrogénie se voient imposer des traitements pour baisser leur taux hormonal. Caster Semenya en a dénoncé les effets secondaires et a porté l’affaire en justice. « Aujourd’hui, on a beaucoup de sportives qui ne seront pas aux JO cet été parce qu’elles n’acceptent pas les règlements qui imposent des traitements hormonaux sur des corps sains », précise Anaïs Bohuon. Ces athlètes ne seront pas les seules à être privées de JO. Ce sera aussi le cas de sportifs et sportives transgenres.
 

L’inclusion des athlètes transgenres en question

La terme « transgenre » (ou trans) qualifie une personne dont l’identité de genre, dans laquelle elle se reconnaît, ne correspond pas au genre qui lui a été assigné à la naissance. Une femme trans, par exemple, est une personne se définissant comme femme mais ayant été assignée homme à la naissance. À l’inverse, on parle de personnes « cisgenres » (ou cis) pour celles dont l’identité vécue et le genre assigné coïncident. Si elles le souhaitent, les personnes trans ont la possibilité de réaliser une transition pour faire correspondre leur apparence à leur identité de genre. Ceci peut inclure des actes médicaux comme une hormonothérapie et/ou une chirurgie de réassignation sexuelle.

Si l’intersexuation et la transidentité sont deux choses différentes, elles soulèvent des débats similaires quant à l’inclusion des athlètes concernés. Des débats centrés autour de la même question : celle de l’avantage physique. Les femmes trans sont-elles avantagées comparées aux autres sportives ? « L’ensemble du milieu scientifique n’est pas d’accord », explique Lucie Pallesi, doctorant.e au CIAMS qui mène depuis cinq ans une thèse sur la transidentité dans le sport de haut niveau. « Le problème est que certains se basent sur des extrapolations d’études menées sur les hommes et les femmes. Mais une femme trans n’est pas un homme cis. Il existe des études sur des femmes trans et elles disent plutôt que l’avantage physique est réduit voire disparaît après la transition. »

Comme pour les athlètes intersexes, les règlements ont évolué au fil des années. Après avoir imposé aux femmes trans une hormonothérapie et une chirurgie de réassignation sexuelle, puis avoir défini un taux de testostérone limite, le CIO revoit sa copie et renonce finalement à fixer les critères imposés. En 2021, il publie un cadre dans lequel il reconnaît l’absence de consensus au sujet de l’impact de la testostérone sur les performances. Une première dans le paysage sportif.

« Après cette publication, on aurait pu s’attendre à une vague d’inclusion mais c’est l’inverse qui s’est produit », déplore Lucie Pallesi. Plusieurs fédérations, dont celles de rugby, d’athlétisme et de cyclisme, mettent à jour leurs règlements pour interdire aux femmes trans de concourir. « Ces règlements excluent toutes les femmes trans ayant connu une puberté masculine. Cela signifie qu’il faut transitionner avant l’âge de douze ans. Mais aucun pays ne permet actuellement de le faire si jeune. » Et il n’est pas exclu que d’autres fédérations s’engagent sur le même chemin.

Selon Lucie Pallesi, on recenserait à peine une centaine d’athlètes ouvertement transgenres concourant à haut niveau. L’haltérophile néo-zélandaise Laurel Hubbard est l’une d’entre elles et eux. À Tokyo, en 2021, elle devient la première athlète trans à concourir à une épreuve olympique, malgré une flopée de critiques. « Le sport est un des espaces les plus désinvestis par les personnes trans parce que l’un des plus violents où rester après avoir transitionné », souligne la.le doctorant.e du CIAMS.

Ne considérer que l’argument biologique, c’est « oublier toutes les conditions socio-économiques qui entrent en jeu. Pour une femme trans, une carrière dans le sport de haut niveau est très précaire », poursuit Lucie Pallesi. C’est aussi là que les débats font fausse route pour Anaïs Bohuon. Qu’il s’agisse de personnes intersexes, transgenres, de femmes ou d’hommes, la biologie ne fait pas tout dans les performances sportives. « L’avantage physique est une chose indéfinissable », affirme-t-elle. « Pour comprendre qui excelle dans le sport de haut niveau, il faut considérer un ensemble de composantes, biologiques mais aussi historiques, sociales, économiques, politiques, géographiques. » Le surf, qui sera présent aux JO de Paris 2024, en livre un exemple.
 

Des surfeuses privées de vagues

Si le surf féminin connaît un essor grandissant depuis plusieurs années, ce n’est pas sans mal. « Aujourd’hui encore, de nombreuses compétitions de surf privées ne convient pas les surfeuses », appuie Anne Schmitt, chercheuse au CIAMS qui s’intéresse aux inégalités sexuées dans le surf et la voile. « Et il a fallu que les surfeuses se battent pour accéder à certaines d’entre elles. » C’est le cas à Mavericks, en Californie, l’un des spots les plus emblématiques au monde où les sportives n’ont pu accéder à la compétition qu’en 2018, soit dix-neuf ans après sa première édition.

Autre exemple avec le lieu choisi pour les prochaines épreuves olympiques de surf, qui se tiendront à Teahupo’o, à Tahiti. L’endroit est connu pour ses vagues impressionnantes mais aussi dangereuses. « Il y a très peu de fond quand la vague se forme. Donc celles et ceux qui chutent ont de grandes chances de heurter le corail et de se faire de graves blessures », confirme la sociologue. Or, si la vague tahitienne est depuis longtemps intégrée au circuit professionnel masculin de surf, elle est retirée du circuit féminin en 2006 pour des questions de sécurité. Elle n’y est réintégrée qu’en 2019, suite au choix du lieu pour les JO 2024.

Ce détail n’est pas anodin pour Anne Schmitt. « On oublie trop souvent que les performances sont ancrées dans un contexte culturel et social. Lorsqu’on restreint la pratique des femmes pendant de longues années, on crée un retard », affirme-t-elle. « Cet été, si une femme fait une contreperformance à Teahupo’o, ce sera perçu comme un symbole de faiblesse et de non-légitimité alors qu’elle ne s’y entraîne que depuis deux ans, à côté des hommes qui surfent cette vague-là depuis plus de dix ans. »

Pour les surfeuses, les restrictions se cumulent à une autre difficulté : la réalité économique d’une carrière sportive.  « Le surf coûte cher : il faut voyager autour du monde, transporter son matériel, payer ses inscriptions. S’entraîner demande aussi du temps et de bonnes conditions », détaille la sociologue. « Pour être rémunérée, l’un des moyens les plus efficaces est d’être sponsorisée. » Mais là encore, les opportunités sont moindres pour les sportives qui, pendant longtemps, ont dû composer avec le « cliché de la surfeuse sexy » entretenu par les sponsors. Enfin, les « prize money » sont une autre illustration des inégalités dans le surf : ce n’est que depuis 2019 que les surfeuses reçoivent des primes équivalentes à celles de leurs homologues masculins lorsqu’elles gagnent des compétitions.

Inégalité salariale, faible médiatisation, tenues imposées, commentaires sexistes, violences sexuelles, exclusion… Malgré des avancées réalisées ces dernières années dans ces domaines, les problématiques liées au genre restent nombreuses dans le monde du sport. Et les JO 2024 n’y feront pas exception. « Des jeux olympiques avec autant d’hommes que de femmes, c’est une grande progression », juge Florys Castan-Vicente. Mais « paritaire ne signifie pas égalitaire. »

D’ailleurs, cet été, il n’y aura toujours pas de femmes en lutte gréco-romaine, ni en décathlon. De leur côté, les hommes ne pourront toujours pas concourir individuellement en natation artistique, ni en gymnastique rythmique. Quant aux Jeux paralympiques, la parité n’y sera pas au programme, en raison du manque de para-athlètes féminines.


Références :