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Précarité et asthme : le cas des femmes âgées

Recherche Article publié le 07 décembre 2019 , mis à jour le 07 décembre 2019

Une collaboration entre des chercheurs français, dont certains issus de l’Université Paris-Saclay, s’est intéressée à l’influence des facteurs socioéconomiques sur le contrôle et le traitement de l’asthme, une maladie respiratoire chronique et incurable. Les scientifiques ont focalisé leur étude sur les femmes âgées, qui représentent une population à risque et peu investiguée dans ce contexte.

Affection respiratoire chronique, l’asthme touche aujourd’hui plus de 350 millions de personnes dans le monde. Bien que la maladie soit incurable, des traitements existent pour soulager les symptômes de crise et réduire l’inflammation, ce qui améliore la qualité de vie des personnes asthmatiques. Cependant, entre 45 et 60 % des personnes atteintes en France auraient un asthme non contrôlé, représentant un coût sanitaire et socioéconomique important.

Afin de mieux comprendre les raisons de cette prise en charge non optimale, les chercheurs du laboratoire Vieillissement et maladies chroniques - Approches épidémiologiques et de santé publique (VIMA - Université Paris-Saclay, UVSQ, Inserm) et du Centre de recherche en épidémiologie et santé des populations (CESP – Université Paris-Saclay, UVSQ, Université Paris-Sud, Inserm), en collaboration avec leurs collègues de Grenoble et de Nanterre, ont interrogé 2 258 femmes âgées françaises et asthmatiques de la cohorte E3N (étude épidémiologique auprès de femmes de la Mutuelle générale de l'Éducation nationale).

Les résultats montrent qu’un quart d’entre elles ne dispose pas d’une prise en charge adaptée. Les femmes dont l’asthme est le moins bien contrôlé sont aussi celles dont la situation socioéconomique est la plus désavantagée. Contrairement à de précédentes études, les travaux intègrent également l’environnement dans lequel vivent les participantes, et non uniquement les facteurs socioéconomiques individuels. Les chercheurs montrent que la situation économique et sociale du quartier de résidence des patientes joue également un rôle dans le contrôle de la maladie. Les femmes résidant dans des quartiers défavorisés, quel que soit leur niveau socioéconomique individuel, sont celles dont la maladie est la moins bien contrôlée.

Ces disparités s’expliqueraient par un recours inapproprié au traitement et un moins bon accès aux soins. Bien que les traitements de l’asthme et les soins associés soient remboursés en France, il demeure des patients qui ne bénéficient pas d’une prise en charge optimale de leur maladie. Pour parvenir à une meilleure prise en charge de l’asthme chez les patients âgés en particulier, les chercheurs insistent sur la nécessité de porter une attention particulière aux malades ayant un niveau socioéconomique désavantagé et résidant dans des quartiers défavorisés, ou celles résidant dans des quartiers aisés sans pour autant bénéficier d’un accompagnement adéquat.  

Temam, S. et al. Low socioeconomic position and neighborhood deprivation are associated with uncontrolled asthma in elderly. Respiratory Medicine. Volume 158, October - November 2019, Pages 70-77.