
Portrait de Clément Picard : les alumni mobilisés pour le Forum des métiers de la santé
Chaque année se tient en février, le Forum des Métiers de la Santé (FMS) de l'Université Paris-Saclay auquel participent des alumni dans un esprit de tutorat à destination des étudiants.

4 alumni présents au Forum des métiers de la santé venus témoigner de leurs parcours
Clément Picard est alumni de l’Université Paris-Saclay. Il était présent sur le Forum des métiers de la santé pour témoigner de sa réorientation après l’obtention du concours de médecine. Aujourd’hui doctorant en neurosciences à la Maison du doctorat de l’Université Paris-Saclay, il s’est lancé dans l’entrepreneuriat avec Solia, un projet qui permet d’obtenir des semelles correctrices sur-mesure, directement depuis chez soi, en seulement quelques minutes.
A ses côtés sur le forum avec d’autres stands : Nicole Pothier et Alain Nahum, alumni de la Faculté de pharmacie, témoignaient des métiers de pharmaciens et de préparateurs en pharmacie. Laura Vallée, alumni de la Faculté des sciences du sport avec une licence et un master activité physique adaptée et santé, aujourd’hui cheffe de projet sport santé à la Direction des Sports, de la Jeunesse et de la Vie Associative (DSJVA) présentait aussi son parcours.
Le forum des métiers de la santé au service de la réorientation
Le forum des métiers de la santé, au service de l’orientation, est organisé par l'association étudiante « Tutorat Santé Paris-Saclay » et a pour objectif de présenter aux étudiants, inscrits en première année d'études PASS (Parcours d'Accès Spécifique Santé) et LAS (Licence Accès Santé), toute la palette des métiers de la Santé. Souvent focalisés sur la médecine, les étudiants peuvent en oublier les autres filières : pharmacie, dentaire, maïeutique (sage-femme), kinésithérapie, chiropractie, psychométrie, psychologie, paramédical, bio-technologie, ou encore bio-informatique et bien d'autres domaines professionnels. Des métiers pourtant sources d’épanouissement mais souvent moins connus.
De nombreux étudiants sont venus le 20 février dernier sur le campus d’Orsay pour écouter une série de conférences et rencontrer sur les stands des entreprises et des professionnels de la santé ainsi que des étudiants ayant validé leur PASS ou LAS, parmi lesquels des diplômés de l’Université Paris-Saclay ; des échanges entre témoignages, retours d’expériences et conseils.
Portrait : Clément Picard, de médecine à la création de start-up
Le parcours académique de Clément Picard en résumé :
- 2013/2014 : PACES à Nantes
- 2014/2015 : 1er semestre en kinésithérapie, puis réorientation en L1 STAPS à Nantes
- 2015/2016 - 2016/2017 : L2 et L3 STAPS, avec validation du concours de l'ENS Rennes
- 2017/2018 - 2018/2019 : 1ère et 2e année à l'ENS Rennes, département Sciences du sport et éducation physique
- 2019/2020 : Année à l'étranger dans des laboratoires de recherche, à l’interface entre santé et informatique
- 2020/2021 - 2021/2022 : Master 1 & 2 en informatique avec stage final à NeuroPSI (Université Paris-Saclay)
- 2022 - aujourd’hui : Doctorat en neurosciences à NeuroPSI (Université Paris-Saclay), tout en développant en parallèle le projet de startup Solia

Pouvez-vous nous raconter votre choix de réorientation ?
Mon année de PACES s'était bien passée. Ce fut une période très intense et exigeante, la plupart des cours m'avaient intéressé et avaient renforcé mon attrait pour le domaine de la santé. À la fin de l'année, j'avais le choix entre les différentes spécialités et j'hésitais encore entre médecine et kinésithérapie. J’ai fait le choix de la kinésithérapie pour la durée plus courte des études et le sentiment de mieux connaître le métier vers lequel je me dirigeais.
Après deux mois passés à l'école de kinésithérapie de Nantes, j’ai effectué mon premier stage en hôpital. C’est à ce moment-là que j’ai réalisé que la kinésithérapie ne me convenait pas. Je percevais cette discipline comme trop applicationnelle, avec l’impression que mon activité quotidienne se résumait à appliquer un traitement précis à un problème donné, sans réelle place pour la création ou l’innovation.
En parallèle, la filière STAPS m’attirait beaucoup, notamment par la perspective d’enseigner, un métier où je pourrais m’exprimer librement et développer mes propres approches. C’est ce qui m’a convaincu de me réorienter.
Mon parcours a ensuite été jalonné de plusieurs « réorientations », que je préfère considérer comme des spécialisations. Aujourd’hui, j’ai l’impression d’utiliser une partie de chaque apprentissage acquis à chaque étape de mon cursus dans mon travail quotidien.
Pouvez-vous nous donner 3 conseils pour réussir une réorientation ?
1) Être ouvert aux différentes possibilités :
En tant qu’étudiant, on évolue dans un immense horizon de possibles, mais on n’en connaît souvent qu’une infime partie. Il est important de se renseigner sur les domaines qui pourraient nous intéresser : participer à des forums, visiter des sites spécialisés comme l’Étudiant, et plus largement, rester curieux sur tout ce qui nous entoure.
2) Apprendre à mieux se connaître :
Se réorienter, ce n’est pas juste changer de voie, c’est essayer de mieux comprendre ce qui nous plaît vraiment. Cela peut être un domaine en particulier, mais aussi un mode de travail : est-ce que je préfère travailler en équipe ou seul ? Est-ce que je préfère avoir un cadre précis ou être libre dans ce que je fais ? Plus on se pose ces questions, plus on arrive à faire des choix qui nous correspondent.
3) Explorer toutes les passerelles disponibles :
Le système académique offre de nombreuses possibilités pour changer de voie sans repartir de zéro. S’informer sur les équivalences et les passerelles entre formations, écoles et universités permet de tirer le meilleur parti de son parcours déjà accompli et éviter de perdre du temps.
Qu'est-ce qui a suscité votre envie d'entreprendre ?
J’ai toujours eu du mal à rentrer dans les cases et à suivre un parcours tout tracé. Pendant mes études, j’ai constamment cherché à créer par moi-même et construire mon propre chemin. Ce qui comptait pour moi, c’était de me sentir pleinement investi dans ce que je faisais et d’avoir un vrai impact. J’ai donc fait des choix un peu hors des sentiers battus.
L’envie d’entreprendre est venue assez naturellement. J’avais plusieurs idées d’innovation en tête, et petit à petit, j’ai commencé à me renseigner sur l’entrepreneuriat. J’ai suivi les formations proposées par la Maison du doctorat de Paris-Saclay qui m’ont conforté dans l’idée que c’était une voie qui me correspondait.
Pouvez-vous nous donner 3 conseils pour entreprendre ?
1) Le faire par passion.
Quand on fait quelque chose par passion, même si c’est très prenant, cela prend la forme d’un hobby. Je prends autant de plaisir dans mon projet que dans d’autres activités, je n’avance jamais à reculons. En revanche, je pense que sans passion, l’entrepreneuriat peut vite devenir une contrainte dans laquelle il est difficile de se projeter.
2) Être au clair sur ses motivations et ses attentes.
Savoir pourquoi on entreprend, est très important. Cela permet de garder un cap, d’être plus serein dans les moments de doute et de s’entourer des bonnes personnes, celles qui partagent nos valeurs et nos ambitions. Au-delà du simple fait de monter un business, il faut donner du sens à son projet pour voir où l’on veut vraiment aller.
3) Aller chercher un maximum d’avis extérieurs.
Au début, on a souvent une vision bien précise de ce que l’on veut faire… et on s’enferme vite dedans. Le mieux, est d’aller chercher du feedback partout : dans des bouquins sur l’entrepreneuriat, auprès de potentiels clients pour comprendre leurs vrais besoins, auprès d’experts pour avoir des retours sur certains aspects du projet, auprès d’autres entrepreneurs pour s’inspirer. Rester ouvert, demande un effort, mais change tout.
Pouvez-vous nous présenter votre start-up ?
Solia est un projet qui permet d’obtenir des semelles correctrices sur-mesure, directement depuis chez soi, en seulement quelques minutes. Grâce à une application mobile, l’utilisateur peut capturer différentes données. Ces données sont ensuite analysées par notre algorithme, qui génère un modèle 3D de semelles adaptées à sa morphologie et à ses besoins. Une fois conçues, les semelles sont imprimées en 3D et envoyées directement à domicile.
Aujourd’hui, on est une équipe de quatre, avec des profils très complémentaires. Nous sommes deux à travailler sur l’interface entre ingénierie et santé. Nous travaillons avec une personne en école de commerce, qui apporte une vraie expertise business et un podologue qui est aussi chef d’entreprise, et qui nous permet d’avoir à la fois un regard professionnel sur le produit et une vraie légitimité dans le domaine.
Vous avez participé au Deeptech Tour, quelles sont vos impressions ?
J’ai vraiment aimé cet événement. J’ai été impressionné par le monde, par la qualité des présentations tout au long de l’après-midi, et surtout par l’énergie qui s’en dégageait. J’ai senti un vrai engouement autour de l’innovation et de l’entrepreneuriat.
Ce genre d’événement me semble très important pour renforcer l’écosystème entrepreneurial de Paris-Saclay. L’évènement met en avant des projets ambitieux, connecte les gens, et surtout donne envie de se lancer et de faire partie de cette dynamique.
Quels sont vos projets ?
À court terme, mon objectif est de trouver un équilibre entre mon doctorat et la start-up pour faire avancer les deux en parallèle. L’idéal serait de soutenir ma thèse à l’été 2026 et, si le projet continue dans la bonne direction, de lancer officiellement la société à ce moment-là.
J’aimerais ensuite pouvoir me consacrer à 100 % à la start-up après ma thèse, pour la développer pleinement et la faire grandir.
Vous avez participé au Forum des Métiers de la santé, quelles sont vos retours ?
Je pense que ce forum est une vraie opportunité pour les étudiants de première année de médecine.
C’est l’événement parfait pour ceux qui s’intéressent à la santé mais qui ne vont pas forcément poursuivre en faculté de médecine.
J’ai été impressionné par la diversité des formations à vocation médicale présentées. C’est vraiment une chance pour ces étudiants de découvrir un large panel de possibilités et d’avoir une vision plus globale des métiers de la santé. Le forum permet de mieux s’orienter et de faire des choix plus éclairés pour la suite de leur parcours.
