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NOS ALUMNIS EN PARLENT - Secteur et enjeux de la production de contenus en communication santé

Talents Article publié le 27 juin 2024 , mis à jour le 24 juillet 2024

Découvrez le secteur et les enjeux de la production de contenus en communication santé grâce à notre série "Nos alumnis en parlent".

Le 10 juin 2024, nous avons rencontré Anca PETRE, Alumni du Master Marketing Pharmaceutique et Technologies de santé de la Graduate School Health and Drug Sciences et de la Faculté de Pharmacie de l’Université Paris-Saclay, et sa collaboratrice Marguerite DE RODELLEC. A la tête de MedShake Studio et de MedRise Studio, deux agences de communication innovantes en santé, elles nous ont parlé de leurs activités de production de contenus ainsi que des enjeux qui touchent le secteur.

Le choix de l’entrepreneuriat et de la communication en santé, un concours de circonstances

Intéressée par le domaine de la santé, Anca PETRE effectue une Première Année Commune aux Études de Santé (P.A.C.E.S.) pour devenir médecin. Elle n'obtient pas le parcours Médecine et part en parcours Pharmacie, discipline qu’elle découvre alors totalement. Dès sa 3ème année d’étude, Anca s’intéresse aux liens qui existent entre la santé et les outils du Web3 et publie sur ce sujet, via des posts sur LinkedIn. Le succès est au rendez-vous et les sollicitations nombreuses. Anca crée alors sa première entreprise 23 Consulting, en 2017, pour acculturer les acteurs de la santé aux enjeux du Web3. Après le choix de la filière industrie/recherche en 4ème année, qu'elle complète avec un double diplôme en école de commerce (INSEEC), Anca intègre le master Marketing pharmaceutique et technologies de santé de la Graduate School Health and Drug Sciences de l’Université Paris-Saclay. En lui permettant de se construire un réseau et en étant ouvert vers les nouveautés du domaine de la communication en santé, ce master lui a apporté de nombreuses connaissances et perspectives, notamment dans le domaine de l’intelligence artificielle.

En 2020, elle rencontre Marguerite DE RODELLEC, qui ne se destinait pas initialement à l’entrepreneuriat. En parallèle d’études de langues étrangères et d’économie, elle anime une émission de radio, avec une amie, depuis 8 ans. En 2020, elle fonde avec Anca le MedShake Studio, le premier studio français dédié au podcast santé.

Anca : « En rencontrant Marguerite, on a eu une sorte de coup de foudre professionnel. Parfois, il y a des rencontres qui donnent lieu à des trucs et d’autres pas. Là, ça a été ce genre de rencontre. D’un côté, j’étais intéressée par les opportunités que pouvait ouvrir le podcast dans le secteur de la santé et de l’autre, Marguerite apportait tout son bagage du monde de l’audio que je ne connaissais absolument pas. On s’est dit : tentons, on va lancer nos propres podcasts. Ça s’est passé comme pour ma première entreprise, nos podcasts ont suscité l’intérêt d’entreprises qui nous ont proposé d’en produire pour elles ».

Une production de contenus en santé, le choix de l’avant-gardisme

Via leurs entreprises, Marguerite et Anca produisent du contenu dans le domaine de la santé. « Ce sont nos clients qui communiquent. Nous, on n’est pas chargé de communiquer, on leur crée des contenus pour qu’ils communiquent » (Marguerite). Avec l’agence MedShake Studio, ce contenu prend la forme d'un podcast de marque, lorsqu’il est commandé par des acteurs du monde de la santé (industries pharmaceutiques, médecins, associations de patients...), ou la forme d’une création originale, lorsqu’il sert à démontrer les services proposés par l’agence. Au cours de l’entretien, Marguerite a particulièrement souligné l’intérêt du format du podcast pour communiquer, qui permet de rentrer en profondeur dans une thématique. Lors de la création de l’agence, ce format était relativement avant-gardiste dans le domaine de la santé.

Anca : « On a su s’emparer de sujets avant que ce soit des sujets sur lesquels tout le monde investisse. Par exemple, sur les podcasts, quand on s’est lancé, il devait y en avoir une vingtaine ».

Marguerite : « Et puis, surtout, il n’y avait pas de podcast santé, c’était des podcasts fitness. On a tendance à oublier mais, avant le covid, il n’y avait que ça et c’est tout ». 

L’avant-garde est encore plus prégnante dans les activités de leur seconde agence MedRise Studio. Spécialisée dans les outils du Web3 dans le secteur de la santé, l’agence propose une réflexion sur la manière dont les acteurs de la santé peuvent s’emparer des technologies de la blockchain et de l’intelligence artificielle. Elle travaille également sur la production d’environnements virtuels, que ce soit à destination des professionnels de santé ou à destination des patients. Anca et Marguerite travaillent donc autant sur le fond que sur la forme et ont insisté sur l’intérêt de réfléchir au canal utilisé pour mettre à disposition du public le contenu créée.

Anca : « Aujourd’hui, on met à disposition le contenu crée sur des plateformes d’écoute de podcasts, sur des réseaux sociaux et, de plus en plus, on le mettra aussi à disposition directement dans des jeux vidéo, directement en 3D dans des environnement immersifs. […] Un environnement virtuel peut prendre plusieurs formes. Premièrement, c’est un environnement numérique, qui va être accessible directement sur un ordinateur, par exemple un jeu vidéo. Les Sims, Fortnite, Minecraft sont des environnements virtuels dans lesquels on peut mener des campagnes de sensibilisation à des enjeux de santé. On peut avoir des environnements virtuels qui se superposent au monde réel, c’est ce que l’on appelle la réalité augmentée. Par exemple, avec son téléphone, on fait apparaitre un objet devant soi et on le voit au travers de l’écran comme s’il se superposait à la vie réelle. Puis, il y a des mondes virtuels qui sont complètement immersifs, on y accède avec des casques de réalité virtuelle. […] On peut montrer à un patient dans une salle d’attente comment son médicament qui vient de lui être prescrit par son médecin va fonctionner dans son corps, on peut projeter à côté de lui une infirmière virtuelle qui va venir répondre à toutes les questions qu’il n’a pas pu poser à son médecin. Si on avait fait un jeu pour sensibiliser à la covid-19 avec Fortnite, peut-être que les joueurs auraient pu tuer des virus ou pour avancer dans le jeu, il aurait fallu maintenir une certaine distance avec les autres joueurs, sous peine de voir sa jauge de vie diminuer parce qu’on a été en contact. C’est transposer des phénomènes réels mais dans le jeu vidéo. »

Les enjeux de la production de contenus dans le secteur de la santé

Cette recherche de canaux de communication innovants permet de répondre aux conséquences de la sur-information abondant les canaux habituels de la communication en santé. Conscientes de cet enjeu, Anca et Marguerite nous ont expliqué que les environnements virtuels promettent de capter à nouveau l’attention des individus, notamment lorsqu’il s’agit de faire de la sensibilisation sur des sujets de santé.

Marguerite : « Quand on utilise un jeu vidéo comme Fortnite pour sensibiliser à des sujets de santé, on se met là où sont les gens. On ne va donc pas les déranger avec une newsletter supplémentaire ou autre. Je pense que c’est ça la création de contenu de demain, c’est se demander où sont les gens, d’aller sur ces plateformes là et de réfléchir aux meilleurs contenus qui vont, à la fois, les divertir un peu mais aussi, qui vont leur apprendre des choses. Moi, mon métier, ça va être de créer ces contenus qui vont être intelligents parce que si c’est pour dupliquer un concept pour la 50e fois, pour redire la même chose d’une autre manière, je pense que ce n’est pas intéressant ».

Anca et Marguerite ont aussi réagi à la multiplication des « fake news », autre conséquence de la multiplication des informations digitales en santé. Elles mettent en avant leur « devoir d’exemple » dans la qualité des contenus qu’elles proposent étant donné l’existence d’une défiance croissante des individus envers les informations délivrées par les acteurs de la santé. Ce devoir d’exemple se concrétise par une vérification rigoureuse des sources mobilisées dans la création de contenu. Sa formation de pharmacienne et les cours du Master Marketing Pharmaceutique et Technologies de Santé ont aidé Anca à acquérir la rigueur scientifique nécessaire à l’analyse des sources.

Marguerite : « […] Anca a une casquette scientifique, elle a le réflexe d’aller tout vérifier et c’est important dans tous les contenus qu’on produit. »

Anca : « C’est la richesse du genre d’étude que j’ai pu faire à la fac de Pharma : ça t’apprend ces réflexes là, ça t’apprend à aller chercher la source de tout ce que tu avances dans le secteur de la santé. A partir du moment où tu es face à un article scientifique, ça t’apprend à savoir le lire correctement, à avoir un esprit critique, à avoir le sens du détail et de l’analyse. Cette rigueur et cet esprit d’analyse, je sais que je les ai appris sur les bancs de la fac, c’est parmi les cours les plus utiles que j’ai pu avoir. »