Musicien intervenant : à la découverte d’un métier méconnu sur le campus d’Orsay

Formation Article publié le 25 mars 2025 , mis à jour le 25 mars 2025

Cet article est issu de L'Édition n°26.

Installé sur le campus d’Orsay, le Centre de formation de musiciens intervenants (CFMI) Île-de-France propose aux passionnés de musique de suivre, en deux à trois ans, un parcours professionnalisant destiné à les former au métier méconnu de musicien intervenant. 

C’est un rendez-vous inédit qui s'est tenu, le 8 novembre dernier, au Lumen sur le plateau de Saclay. À la pause déjeuner, l’immense bâtiment en verre a quitté son atmosphère studieuse pour emmener ses visiteurs et visiteuses dans une balade musicale. Un « concert sandwich » plus exactement, selon la formule proposée pour l’occasion. Pendant une quarantaine de minutes, un groupe de musiciennes et musiciens a enchaîné des morceaux de leur composition, faisant résonner chants, violons, guitares, et même bol tibétain dans l’enceinte du Lumen. 

« C’est la première fois que nous participions à un tel événement », explique Rosie Hallermeier, l’une des artistes. Et le succès était au rendez-vous à en croire les applaudissements sur les bancs remplis du forum. Il faut dire que les artistes en question ne sont pas comme les autres. « Saviez-vous qu’il y avait un pôle musical à l’Université Paris-Saclay ? », a demandé la jeune femme au public présent. Comme ses camarades, Rosie est étudiante en deuxième année au Centre de formation de musiciens intervenants (CFMI) Île-de-France installé sur le campus d’Orsay, sous la tutelle de l’Université Paris-Saclay et de la Direction régionale des affaires culturelles (DRAC) Île-de-France.

© CFMI/Adrien Champagne

Sensibiliser tous les publics à la pratique de la musique

Les CFMI, qui sont actuellement au nombre de neuf en France, ont été créés en 1984 conjointement par les ministères de l’Éducation nationale et de la Culture. Ils visent à développer l’éducation artistique et culturelle en formant au métier de musicien intervenant. « En pratique, c’est un métier qui existe depuis très longtemps. Mais avant les années 1980, il n’y avait pas de statut officiel, ni de reconnaissance par un diplôme », explique Lionel Wartelle, directeur du CFMI Île-de-France. Le DUMI, Diplôme universitaire de musicien intervenant, est venu combler ce vide en même temps que les CFMI. Quarante ans plus tard, le métier reste pourtant méconnu. 

Les musiciennes et musiciens intervenants ont pour mission d’initier et sensibiliser les publics à la pratique de la musique. Ces professionnels « ne sont pas que des artistes enseignants. Il y a une vraie dimension de transmission dans le métier », relève le directeur. « Il faut avoir cette qualité de musicien, évidemment, mais aussi être capable d’être sur scène, de capter l’écoute, le regard, de transmettre des émotions. Ça c’est vraiment important. » D’autant plus important que les artistes interviennent auprès de publics divers : dans des écoles primaires, des conservatoires, des écoles de musique, des établissements spécialisés comme les crèches, les EHPAD, les instituts médico-éducatifs (IME) qui accueillent des personnes en situation de handicap, ou encore en milieu carcéral. 

« Il y a plein de façons de faire ce métier », reconnaît Lionel Wartelle. « On peut avoir un statut d’auto-entrepreneur, d’intermittent du spectacle, ou être affilié à une collectivité, même si je pense que l’avenir du métier est de plus en plus dans les conservatoires et les établissements similaires, où il est possible d’être intégré à une équipe pédagogique et de développer des projets sur le long terme. » Quoi qu’il en soit, « c’est un métier en tension. Il y a beaucoup plus d’offres d’emploi que de diplômés. »

1 500 heures de formation en deux à trois ans

C’est pour préparer au mieux à ce métier et ses multiples facettes que le DUMI a été pensé pour être le plus complet possible. Au CFMI Île-de-France, le parcours est réalisable en deux ou trois ans, en formation initiale ou continue, pour un total de 1 500 heures. « La formation dispensée est très diverse. Il y a de la pratique vocale, instrumentale, des cours de composition, d’improvisation, d’histoire de la musique, etc. On est sur de la pédagogie active », détaille le directeur. « On prépare aussi les étudiantes et étudiants à la gestion d’un collectif parce qu’un groupe de vingt-cinq élèves de maternelle, vous imaginez bien que ce n’est pas anodin à gérer. L’objectif est qu’elles et ils soient vraiment tout terrain. » 

Le cursus fait la part belle aux stages, avec 500 heures prévues au programme. « Dès le début, on se retrouve sur le terrain et on commence à travailler avec des enfants, sans avoir forcément les outils nécessaires. On apprend donc beaucoup en même temps », confirme Rosie Hallermeier. Après de premières expériences en crèche et en école maternelle, l’étudiante est cette année en stage en école élémentaire et interviendra dans un IME ainsi qu’en milieu hospitalier. « C’est très formateur parce qu’on touche à tous les publics, ce qui nous permet de voir où sont nos appétences et où on est le plus à l’aise. » 

Le CFMI accueille des artistes aux profils variés et aux parcours divers. Ingénieure dans l’aéronautique et mère de deux enfants, Rosie est en reconversion professionnelle. « J’ai commencé à chanter de façon professionnelle il y a une dizaine d’années et puis la musique a pris de plus en plus de place dans ma vie. » Au point de la pousser à en faire son métier. « Parmi nos étudiantes et étudiants, certains ont un parcours académique alors que d’autres ont une expérience plus autodidacte. Nos promotions sont aussi intergénérationnelles », appuie Lionel Wartelle. 

Cette diversité au sein même des promotions fait partie de « la richesse de la formation », selon l’étudiante. « Nous avons tous des styles et des répertoires différents, donc c’est très intéressant de travailler ensemble et de faire se rencontrer nos univers », comme « nous le faisons avec le concert sandwich », dont la prochaine session aura lieu au Lumen le 1er avril 2025.

Une étudiante du CFMI Île-de-France durant le concert sandwich.
© CFMI/Adrien Champagne

Deux sessions pour intégrer le CFMI

Pour intégrer le CFMI, il est nécessaire de « justifier d’un très bon niveau musical et vocal, d'être polyvalent et ouvert à toutes les esthétiques », détaille le directeur. Après une présélection sur dossier, les candidates et candidats retenus passent différentes épreuves afin d’évaluer leur pratique et leurs connaissances musicales, leur communication et leur motivation. Les sessions d’admission ont lieu chaque année aux mois de mars et juin. Il est aussi possible d’intégrer le CFMI via une procédure de Validation des acquis par l’expérience (VAE) pour les personnes exerçant déjà le métier de musicien intervenant mais non titulaires du DUMI. 

« C’est une formation qui mérite d’être plus connue », insiste Rosie. « Moi-même, j’ai fait mes études sur le campus d’Orsay et je ne savais même pas que le CFMI s’y trouvait. Aujourd’hui, je me sens chanceuse d’y être. »

 

En savoir plus sur les concerts sandwich 

  • Découvrir le concert sandwich du 8 novembre 2024 : https://youtu.be/tEBgK_TcSIw
  • Le prochain concert sandwich aura lieu le 1er avril 2025 au Lumen sur le plateau de Saclay. Inscription et informations pratiques à lire ici

 

 

 

Cet article est issu de L'Édition n°26.
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