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Ma thèse en 180 secondes : « cette expérience a débloqué quelque chose en moi »
Cet article est issu de L'Édition n°24.
Chaque année, des doctorantes et doctorants de l’Université Paris-Saclay se lancent dans la compétition Ma thèse en 180 secondes (MT180) avec l’espoir de poursuivre leur parcours jusqu’en finale nationale voire internationale. Retour sur l’expérience de trois anciennes candidates de l’Université Paris-Saclay.
Trois minutes, et pas une seconde de plus, pour expliquer son projet de recherche, de façon claire et concise mais convaincante, à un public non initié. Le tout avec l’appui d’une seule diapositive. Pas de doute, MT180 est un exercice complexe. Chaque année, elles et ils sont pourtant plusieurs dizaines de doctorantes et doctorants de l’Université Paris-Saclay à se lancer dans l’aventure. Jusqu’à atteindre la finale de l’Université durant laquelle les plus talentueuses et talentueux d’entre eux – une quinzaine – doivent séduire le jury et le public.
Oser tenter l’expérience
En 2018, Elise Bordet est l’une de ces finalistes : « le fait de faire ce concours pendant la thèse était un peu stressant. Mais je ne regrette pas une seconde, c’est un bon souvenir », confie la jeune femme. Comme bon nombre de participantes et participants, l’étudiante a hésité avant de se lancer. « Je connaissais MT180 mais je n’osais pas m’inscrire. Puis j’ai assisté à la présentation d’une doctorante de mon laboratoire qui avait participé au concours. Ça m’a encouragée et montré que c’était possible. »
Après l’inscription, s’en suivent plusieurs demi-journées de formation pour s’entrainer à la prise de parole, l’éloquence, la présence scénique, etc. « Pour moi c’était nouveau. C’est un exercice très particulier et compliqué. Le plus difficile est de vulgariser ses propos parce que, pour nous, ça parait clair mais en réalité, ça ne l’est pas du tout », explique Elise Bordet dont la thèse portait sur la “réponse immunitaire innée et adaptative du porc face au virus du syndrome dysgénésique et respiratoire porcin”.
Une prise de recul salutaire
Pour Ombeline Labaune, finaliste de MT180 en 2020, c’est justement tout l’intérêt de l’exercice. « Vulgariser son sujet, c’est le plus difficile mais aussi le plus intéressant. C’est la raison pour laquelle j’étais là. Ça m’obligeait à bloquer du temps pour prendre du recul sur mon sujet et réfléchir à comment en parler simplement », détaille la doctorante qui participe lors de sa 2e année de thèse sur “la vigueur du mouvement humain : de l’action à la cognition”.
« Durant la préparation, il y a aussi les interactions avec les autres doctorantes et doctorants et les formateurs qui sont très riches. On se rend compte qu’on a des problématiques de présentation communes alors que nos sujets sont complètement différents », relève-t-elle. Durant sa participation, Isabelle Hoxha, finaliste en 2022, voit elle aussi les uns et les autres progresser, gagner en aisance, en expression au fil des semaines.
« Je pense qu’aller vers les gens et leur expliquer ce qu’on fait dans les labos est un aspect hyper important en tant que scientifique. Avec MT180, on apprend beaucoup en termes de dissémination de la science », confirme la doctorante dont la thèse portait sur les “mécanismes neurocognitifs de l'anticipation perceptive dans la prise de décision”.
Développer de nouvelles capacités
Avec MT180, on apprend aussi à gérer son stress. Car du stress il y en a le jour J lorsque vient le moment de monter sur scène lors de la finale de l’Université. « Le premier souvenir de ma présentation, c’est le journaliste qui me demande si je suis prête et que j’ai une toute petite voix tellement j’ai la gorge serrée. Pendant mon passage, j’avais les mains qui tremblaient, le cœur qui battait », se rappelle Isabelle Hoxha. « Mais lorsque j’ai visionné ma présentation, j’ai vu que ça ne se voyait pas du tout. Ça veut dire que notre formation a porté ses fruits ! ». Et quels fruits, puisque la candidate reçoit le prix du jury lors de l’édition 2022. Une récompense qui la conduit en demi-finale puis en finale nationale à Lyon. « Je ne pensais pas aller aussi loin. Je m’étais lancée dans le concours sans ambition et à chaque étape de qualification, quand j’entendais mon nom, j’étais très surprise ».
Même stress et même qualification inattendue en 2018 pour Elise Bordet qui reçoit le prix du public et poursuit son parcours jusqu’en finale nationale à Toulouse, avant de soutenir sa thèse quelques mois plus tard. « Cette finale a été un élément de plus pour prendre confiance en moi et en mes capacités de prise de parole en public. Auparavant, je ne savais pas jusqu’où pouvait aller mon aisance. J’ai l’impression que MT180 a débloqué quelque chose en moi. Cela m’a appris à gérer le fond et la forme, à me mettre en avant », poursuit Elise Bordet.
Des enseignements profitables
Cinq ans après, cette expérience incite la jeune femme à s’engager dans une nouvelle aventure : elle co-fonde l’association 2082 dont l’objectif est d’aider les femmes à négocier leur salaire. « Aujourd’hui encore, les femmes gagnent en moyenne 25% de moins que les hommes. 2082 correspond à l’année estimée de l’égalité salariale entre les hommes et les femmes », justifie Elise Bordet. « Notre objectif est d’aider les femmes à prendre confiance en elles et de lutter contre les syndromes de l’imposteuse et de la bonne élève ».
De son côté, Isabelle Hoxha soutient sa thèse un an après son passage à MT180, en juillet 2023. « Le concours m’a aidé à mieux m’exprimer à l’oral en public. J’ai même réutilisé une partie de vulgarisation au tout début de ma soutenance pour introduire le sujet », sourit la chercheuse qui fait aujourd’hui partie du département d’études cognitives de l’École normale supérieure (ENS).
En 2020, Ombeline Labaune n’a pas la chance de poursuivre l’expérience jusqu’en finale nationale qui n’a d’ailleurs pas lieu en raison de la pandémie de Covid-19. « La finale à l’Université Paris-Saclay était un moment très particulier parce que c’est ce soir-là que la fermeture de l’Université et des commerces a été annoncée », se remémore-t-elle. « Mais je garde un très bon souvenir de mon passage sur scène ». Cette expérience a le mérite de renforcer son goût pour la vulgarisation et l’année suivante, la thésarde met de côté l’enseignement pour se consacrer à la médiation. Une seconde casquette qu’Ombeline Labaune, devenue maîtresse de conférences à la Faculté des sciences du sport de l’Université Paris-Saclay, porte encore aujourd’hui : « je gère les ateliers de médiation et les autres événements auxquels nous participons pour rendre accessibles les sciences du sport au grand public ».
Trois minutes sur scène et trois expériences différentes, mais les trois jeunes femmes n’ont qu’un seul et même conseil aux doctorantes et doctorants qui hésiteraient encore : lancez-vous et inscrivez-vous à MT180 !
- En savoir plus sur https://mt180.fr/
Assister à la finale 2025 de l'Université Paris-Saclay
La finale de l'Université Paris-Saclay du concours 2025 "Ma thèse en 180 secondes" aura lieu le 13 mars 2025 à 18h30 à la salle de la Terrasse à Gif-sur-Yvette.
Venez découvrir les jeunes doctorantes et doctorants et leurs présentations dynamiques, pleines d'énergie et de créativité !
Cet article est issu de L'Édition n°24.
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