
Lou Stührenberg, alumni et jeune déléguée au Climat
Lou Stührenberg est alumni de l’Université Paris-Saclay. Après avoir intégré CentraleSupélec, elle rejoint le Master 2 Économie, Énergie, Environnement et Transport (M2 EEET), parcours modélisation prospective, en partenariat avec AgroParisTech. Depuis un an, elle est jeune déléguée pour le climat auprès du Ministère Ecologie Territoires. Engagée pour le climat, ses actions sont diverses, elle participera à la prochaine COP au Brésil et elle a accompagné les étudiants du D.U « Agir pour le climat » proposé par l’Université Paris-Saclay.
Quel est votre parcours de formation (notamment les années Université Paris-Saclay) ?
En 2019, après ma Classe Préparatoire aux Grandes Ecoles (CPGE) Mathématiques / Physique (MP) à Louis-le-Grand, j’avais le souhait de rejoindre CentraleSupélec. J’ai opté en dernière année pour la dominante énergie, mention réseau d’énergie, et toujours au sein de l’Université Paris-Saclay j’ai suivi en parallèle le master 2 Économie, Énergie, Environnement et Transport (M2 EEET), parcours modélisation prospective avec de nombreux cours en partenariat avec AgroParisTech et le CIRED (Centre international de recherche sur l'environnement et le développement).
Pourquoi avoir choisi CentraleSupélec et l’Université Paris-Saclay ?
Sans être certaine de ce que je voulais faire, j’ai pensé que les enseignements généralistes de CentraleSupélec me correspondraient le plus. L’Université Paris-Saclay est réputée pour son excellence académique avec une vie de campus et une vie associative animées ; j’avais aussi eu de bons retours sur l’ouverture à l’international.
Durant ma scolarité, j’ai eu l’occasion de découvrir tous les atouts de l’Université Paris-Saclay. J’ai pu développer mon goût pour la recherche en choisissant de faire un stage de césure au Laboratoire d’Océanographie et du Climat (LOCEAN). J’ai aussi eu l’opportunité de suivre un double-diplôme en intégrant, en parallèle de CentraleSupélec, le master « Modélisation prospective : Économie, Énergie, Environnement » (M2 EEET), un aménagement rendu possible par la structure de l’université.

Que pensez-vous du Campus des métiers et des qualifications Energie Durable (CMQ Edu) ?
Je trouve cette structure vraiment intéressante. Durant ma troisième année à CentraleSupélec, j’ai pu bénéficier d’une formation théorique consacrée au réseau d’énergie. Le M2 EEET propose une approche beaucoup plus terrain avec des applications pratiques. Le Campus des métiers des qualifications Energie Durable qui travaille sur l’adaptation des diplômes professionnels des métiers de la transition énergétique et de la filière énergie durable me semble aller dans ce sens avec une approche technique et orientée insertion professionnelle. C’est une bonne initiative !
Justement, pouvez-vous nous dire un mot sur le D.U « Agir pour le climat » porté par l'objet interdisciplinire Alliance for Climate Action Now (AllCAN) ?
Ce DU, ouvert à des étudiants de parcours différents, propose plusieurs modules de formation interdisciplinaires (droit, économie, physique, etc.) puis une mise en pratique des enseignements avec des projets menés par les étudiants avec des entreprises, des collectivités locales, des associations, etc. Par exemple : Axa, Groupama, RNSA, le SIOM ou AirParif. J’ai eu la chance de travailler avec le DU en parallèle d’un Master 2 à l’EHESS (que j’ai fait après mes études à l’Université Paris-Saclay). Dans ce cadre, j’ai notamment accompagné les étudiants pour valoriser leurs projets par exemple en matière de communication sur les réseaux sociaux.
Je trouve l’initiative de ce DU vraiment riche avec un objectif d’interdisciplinarité qui me semble indispensable face à l’urgence climatique.
Peut-on revenir sur vos différents stages ?
Durant les trois années de formation à CentraleSupélec, il est assez courant de faire une césure entre la 2ème et la 3ème année avec l’idée de s’ouvrir au monde professionnel au-delà du cursus d’ingénieur. Dans ce cadre, j’ai fait un stage au Laboratoire d’Océanographie et du Climat (LOCEAN) où j’ai travaillé sur la mesure de l’impact des activités humaines sur la montée du niveau de la mer.
Ensuite, j’ai rejoint l’UNESCO en travaillant sur l’examen des demandes pour être sur la liste du patrimoine de l’UNESCO.
Enfin durant ma troisième année, j’ai fait mon stage de fin d’étude à l’ADEME au sein de la direction exécutive, prospective et recherche (DEPR). J’ai travaillé sur l’intégration des questions d’eau et de biodiversité dans le prochain exercice prospectif de l’agence.

Que signifie être « jeune déléguée pour le climat » au Ministère Ecologie Territoires ?
Durant ma césure, j’ai souhaité m’engager en faveur de l’urgence climatique. J’ai rejoint l’association des Jeunes Ambassadeurs pour le Climat (JAC) puis j’ai candidaté pour devenir jeune délégué pour le climat.
Le jeune délégué pour le climat a un rôle d’influence et de sensibilisation afin d’intégrer davantage la jeunesse au processus des COP. Le programme a été lancé en 2009 avec la COP de Copenhague. Le jeune délégué bénéficie d’un mandat de 2 ans et travaille en collaboration avec la délégation de son pays. Il appuie techniquement les jeunesses dans la rédaction de propositions de plaidoyer pour faire remonter, auprès de la délégation, les attentes de la jeunesse. Il assiste également aux négociations et sert de relai en milieu scolaire afin de mobiliser la jeunesse sur le sujet du climat.
Il y a deux jeunes déléguées du climat chaque année, un junior, et un senior. Je deviens la jeune déléguée senior, nous recrutons donc le nouveau jeune délégué junior qui va me rejoindre.

Quelles ont été vos grandes actions durant votre « mandat » ? Quels enseignements en avez-vous tiré ?
J’ai pu faire de la sensibilisation auprès de différents publics et notamment en milieu scolaire via l’animation de simulations de COP dans des collèges ou lycées et la participation à des tables rondes. J’ai par exemple participé à une conférence à CentraleSupélec au sujet du bilan de la dernière COP. En ce moment, nous cherchons à monter un cycle de rencontres mensuels entre négociateurs de la COP et membres de la société civile jeune.
En matière d’enseignement, j’ai pu mieux comprendre les processus onusiens et de la COP. Il y a eu de la frustration en constatant que certains pays bloquent les négociations mais j’ai aussi découvert que la société civile peut avoir un poids important dans les décisions qui sont prises.
J’ai aussi mesuré la difficulté à mobiliser les jeunes qui ne se sentent pas légitimes de parler à cette échelle.

Pourquoi être jeune délégué pour le climat est intéressant ?
Les deux années de mandat sont très riches, il y a une grande liberté, chacun peut impulser le mandat comme il le souhaite. L’engagement est bénévole et mobilise pas mal de temps donc il faut être bien organisé, et surtout très motivé !

Pourquoi la COP30 est une échéance importante ?
La COP30 aura lieu 10 ans après les Accords de Paris, au Brésil, un pays qui est investi sur le sujet climatique. Contrairement à la dernière COP qui avait lieu à Bakou en Azerbaïdjan, je pense que la société civile aura un plus grand rôle et j’espère un plus grand impact. Ça peut être une COP importante en termes d’atténuation avec, j’espère, des décisions ambitieuses qui seront prises.
Pouvez-vous nous présenter le prix Dalkia Women’s Energy in Transition dont vous avez été lauréate en 2024 ?
Je suis fière et heureuse d'avoir été lauréate du prix Dalkia Women's Energy in Transition, dans la catégorie Bac+4/Bac+5, qui met en lumière les femmes qui étudient ou travaillent dans le secteur de la transition pour inspirer et encourager d’autres femmes à s’engager et/ou à travailler pour la transition énergétique. Leur présence est pourtant importante dans la construction d'un futur soutenable et souhaitable. A titre d’exemple, ma promotion à CentraleSupélec ne comptait que 17% de femmes.
Auriez-vous trois conseils pratico-pratiques pour agir pour le climat en tant qu’étudiant ?
1 – Ne pas se censurer en se disant que l’on est trop jeune et que l’on agira une fois dans la vie active. En s’engageant jeune, une période où l’on a plus de temps, on intègre l’engagement à nos habitudes de vie !
2 – S’engager à plusieurs en rejoignant des associations ou des collectifs car je trouve que c’est plus motivant d’agir à plusieurs.
3 – Essayer dans son engagement de rester ouvert d’esprit et de garder une vision systémique.
4 – Trouver du plaisir dans son engagement et de la joie dans son action, s’engager juste par éco-anxiété peut être déprimant.
Quels sont vos projets ?
J’ai démarré un doctorat aux Mines Paris autour des liens entre les scénarios d’atténuation du changement climatique et le processus de gouvernance. Je souhaite aussi m’engager dans l’organisation Transi’sup qui accompagne les établissements d’enseignement supérieur pour intégrer les enjeux environnements dans les cursus. Enfin, je poursuis mon mandat d’1 an en tant que jeune déléguée climat. Dans les prochains projets entrepris dans ce cadre, nous travaillons à monter un programme « Jeune Délégué Zones Humides », en partenariat avec l’Office français de biodiversité (OFB), les ministères et l’association Ramsar France. Cela permettra d’avoir un programme en place dès la prochaine COP zone humide qui se tiendra au Zimbawe en juillet. Je vais aussi participer aux « intercop », une période de négociation intermédiaire de 2 semaines avec la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC) pour préparer la COP30 et tirer les enseignements de la COP29. Enfin, je serai au Brésil en novembre pour la COP 30.
