Hope Valley AI : une nouvelle forme d’imagerie mammaire non ionisante, plus performante et éthique pour la prédiction et la détection précoce du cancer du sein

Recherche Article publié le 09 octobre 2024 , mis à jour le 17 décembre 2024

À l’occasion d’Octobre rose, le mois du dépistage du cancer du sein, Hakima Berdouz, fondatrice de la start-up Hope Valley AI, présente sa start-up issue de recherches menées à l’Institut des sciences appliquées et de la simulation pour les énergies bas carbone (ISAS – Univ. Paris-Saclay, CEA). Hope Valley AI développe une solution d’aide au dépistage assisté par intelligence artificielle (IA), capable de prédire et de détecter de façon précoce le cancer du sein, ainsi qu’une application dédiée.

Aujourd’hui, le cancer du sein se soigne sans difficulté lorsqu’il est détecté à un stade précoce. Cependant,1 800 femmes en meurent encore chaque jour, souvent parce qu’il est découvert à un stade avancé. Cela est dû aux délais d’attente pour une mammographie, aux réticences au dépistage, aux déserts médicaux en France, ou encore au fait que les femmes de moins de 50 ans n’ont pas accès à une mammographie de dépistage remboursée intégralement, bien que le risque augmente dès 25 ans. « En France, les femmes à partir de 50 ans et jusqu’à 74 ans ont droit à une mammographie tous les deux ans, c’est ce qu’on appelle le dépistage organisé. On ne peut pas faire cet examen de manière plus rapprochée, ce serait dangereux. Sauf qu’entre 18 et 30 % des cancers du sein apparaissent dans cet intervalle de deux ans, c’est ce qu’on appelle les cancers d’intervalle », explique Hakima Berdouz, fondatrice de la start-up Hope Valley AI créée en 2024. C’est pour toutes ces femmes que la start-up développe La Mammope, une solution d’aide au dépistage assisté par intelligence artificielle (IA), et une application dédiée dont la version bêta vient d’être lancée à l’occasion d’Octobre rose.

Mammope : une assurance santé mammaire

Intervenant en pré-diagnostic du cancer du sein, La Mammope repose sur une IA capable de traiter des images mammaires multimodales, non-ionisantes, afin d’y détecter des modifications et des anomalies invisibles à l’œil nu. Pour cela, les utilisatrices de l’application en cours de lancement n’auront qu’à réaliser un selfie vidéo mammaire en mode avion. Ce selfie vidéo sera ensuite transformé en jumeau numérique, une nouvelle forme d’imagerie mammaire, avant d’être supprimé pour assurer la protection des données de santé. Enfin, le jumeau numérique sera envoyé sur une plateforme médicale, derrière laquelle officieront des professionnels de santé, qui recevront et analyseront ces prédictions émanant de l’IA. En cas de suspicion de cancer du sein, l’utilisatrice sera dirigée vers les services médicaux nécessaires. « La solution Mammope prédit le risque de cancer du sein à six mois, douze mois et cinq ans. Cette application est un peu notre assurance santé mammaire », indique Hakima Berdouz.

Outre cette partie dépistage assisté par IA, l’application mobile comprendra deux autres parties. La première concernera la sensibilisation, réalisée sous forme de jeux. « C’est une partie à ne pas négliger car 40 % des cancers sont évitables grâce à la prévention. » La seconde se focalisera sur la routine à réaliser par les utilisatrices elles-mêmes, avec un tutoriel pour effectuer, notamment, une autopalpation chaque mois.

Le goût du risque face à l’inachevé

Si Hope Valley AI fête bientôt sa première année d’existence après trois ans de maturation, l’idée de créer cette start-up, Hakima Berdouz la porte en elle depuis bien plus longtemps. Ancienne ingénieure-chercheuse au CEA spécialisée dans le nucléaire, elle ne cache pas son ambition originelle : « Je suis arrivée au CEA en 2008 avec l’envie de créer, tôt ou tard, une start-up technologique innovante. Je souhaitais prendre le temps de voir s’il y avait des technologies que je pouvais transférer ou de créer moi-même cette technologie, ce qui s’est finalement passé. »

Après avoir obtenu un master en mathématiques appliquées de l’Université de Rabat (Maroc) en 1992, un diplôme d’ingénieur en génie atomique, avec la spécialité en modélisation des réacteurs nucléaires de l’Institut national des sciences et techniques nucléaires (INSTN) de Saclay et un DEA en contrôle et modélisation des processus industriels (aujourd’hui l’équivalent d’un master 2) à l’Université d’Évry, elle débute un doctorat au CEA Paris-Saclay en 1995. Elle le suspend suite à une proposition de CDI. « Ça m’est resté comme un goût d’inachevé. » C’est ainsi qu’en 2015, en parallèle de ses fonctions au CEA, Hakima Berdouz reprend sa thèse. « C’était beaucoup de travail. Je jonglais entre mon travail, ma thèse et ma vie de famille nombreuse. » Elle soutient et obtient finalement sa thèse cinq ans plus tard, en 2020.

C’est cette même année, en pleine pandémie de COVID-19, qu’elle décide de se lancer dans l’entrepreneuriat et de valoriser les résultats de sa thèse et les brevets sur lesquels elle a travaillé durant quinze ans. À ce moment-là, responsable de la valorisation industrielle de la propriété intellectuelle à l’Institut des sciences appliquées et de la simulation pour les énergies bas carbone (ISAS – Univ. Paris-Saclay, CEA), elle est le témoin du renoncement de nombreuses start-up accompagnées face au contexte économique compliqué. C’est pour elle le déclic. « Je me suis dit : « Personne ne veut prendre le risque. Eh bien, moi, je vais tenter ma chance ! » »

Un changement de cap significatif

Spécialiste du nucléaire, elle oriente au départ tout naturellement son projet vers l’application industrielle et nucléaire. « Le COVID-19 commençant à prendre de l’ampleur, notre vision des choses et nos aspirations ont évolué. Nous avons pivoté vers la santé humaine et la détection du cancer du sein, car notre solution s’y appliquait totalement. »

Engagée dans son parcours entrepreneurial, Hakima Berdouz rencontre Delphine Remy-Boutang, fondatrice de The Bureau, d’Arver et de la Journée de la Femme Digitale, et investit dans Hope Valley AI. Elles se font accompagner par plusieurs acteurs du territoire Paris-Saclay, dont le programme Poc in Labs de l’Université Paris-Saclay « C’est la raison pour laquelle Hope Valley AI existe aujourd’hui, remporter le prix Poc in Labs nous a beaucoup aidées. » De même que l’accompagnement par le Paris-Saclay Cancer Cluster et l’Inria Start-up Studio. « Nous venons d’ailleurs de terminer notre incubation, ce qui m’a poussée à quitter mon CDI au CEA et à me lancer à temps plein dans l’aventure de Hope Valley AI, en tant que présidente et CTO », annonce fièrement Hakima Berdouz.

® Hope Valley AI

Une solution éthique, accessible, pensée par et pour des femmes

Actuellement dans un processus de levée de fonds, la start-up espère obtenir assez de financements en vue de ses investigations cliniques. « Certains investisseurs nous répètent que nous perdons notre temps avec le cancer du sein car ça ne rapporte pas d’argent. » Mais l’objectif poursuivi va bien au-delà de l’aspect financier. « Nous avons envie de créer et de fédérer une communauté de femmes qui pense comme nous et a envie de sauver des vies. Nous souhaitons faire grandir Hope Valley AI grâce à ces femmes qui croient en cette solution. » C’est la raison pour laquelle la start-up cible exclusivement des fonds d’investissement à impact. L’ambition est également de lancer, fin 2024, un crowdfunding equity grâce auquel toutes les donatrices et utilisatrices de l’application auront la possibilité de devenir actionnaires de la start-up.

Pour parfaire la partie de l’application centrée sur le dépistage assisté par IA, Hope Valley AI collabore également avec de nombreux acteurs publics comme le Centre d’investigation clinique – innovation technologique (CIC-IT) du CHU de Tours. L’aspect éthique et l’accessibilité de l’application occupent par ailleurs une place importante dans les développements en cours. La start-up travaille ainsi de concert avec la Ligue contre le cancer de Charente-Maritime et l’association Les Premières de Guyane.

Octobre rose, le mois du dépistage du cancer du sein, est une période clé pour la start-up, qui lance à cette occasion les versions bêta respectives de l’application sur Smartphone pour les patientes et de la plateforme de télésurveillance médicale préventive pour leurs soignants de proximité. Les autres fonctionnalités de l’application sont attendues à partir de mars 2025.

Plus d’informations : www.hopevalley.ai