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Entre préparation olympique et études de kiné : Margaux Bailleul raconte sa double vie

Formation Article publié le 19 juin 2024 , mis à jour le 20 juin 2024

Le sport de haut niveau est un mode de vie particulièrement exigeant, gouverné par des objectifs ambitieux. Ceux-ci sont évidemment sportifs mais également professionnels, car la seconde partie de carrière doit être anticipée par l’athlète. C’est pourquoi nombre de jeunes sportifs et sportives cumulent sport et études. À l’Université Paris-Saclay, elles et ils sont notamment nombreux parmi les promotions de l’École nationale de kinésithérapie et de rééducation (ENKRE) à l'image de la rameuse Margaux Bailleul.

(Cet article est issu de L'Édition n°23)

C’est difficile à croire mais c’est bien par hasard que Margaux Bailleul commence l’aviron à douze ans, alors à la recherche d’un sport praticable en hiver. Toutefois, elle se qualifie rapidement pour les championnats de France et termine quatrième. C’est à ce moment-là qu’elle décide : « Je ne serai plus jamais au pied du podium, on ne s'entraîne pas pour ça ». Cela marque le début d’un parcours au sommet de l’aviron français. Depuis, Margaux Bailleul a été titrée dix-sept fois championne de France, dont dix en individuel.

En parallèle de sa carrière sportive, elle a pour projet de devenir kinésithérapeute, spécialisée en pédiatrie. Elle est aujourd’hui étudiante de l’École nationale de kinésithérapie et de rééducation (ENKRE), partenaire de la Faculté de médecine de l’Université Paris-Saclay. Une fois son baccalauréat en poche, Margaux rejoint l’Institut national du sport, de l’expertise et de la performance (INSEP) et s’inscrit, dans le cadre d’une convention collective entre les deux établissements, en licence de sciences et techniques des activités physiques et sportives (STAPS) de l’Université Paris-Est Créteil (UPEC), dont les cours sont dispensés à l’INSEP. « J’avais la chance d’être en classe à l’INSEP. Pour pouvoir m’entraîner, c’était plus pratique », précise la rameuse.

Une école qui s’adapte à ses sportifs et sportives

À la fin de cette première année d’étude, elle intègre l’ENKRE et se voit proposer un parcours aménagé pour sportives de haut niveau. En particulier, ses années sont dédoublées : « je fais une année de formation en deux ans », explique Margaux Bailleul. Elle n’a donc que la moitié de la charge de cours chaque année. Cette adaptation est indispensable pour assurer à la sportive de s’entraîner quotidiennement et de préparer au mieux pour ses nombreuses compétitions : deux séances d’aviron sur bateau ou en ergomètre, une machine simulant l’action de l’aviron, le matin et une séance de musculation le soir. « Je ne peux aller en cours qu’entre 13h et 17h », résume la sportive et étudiante.

Par ailleurs, seules certaines matières peuvent être étudiées à distance, « mais en kiné, avec les travaux pratiques (TP), ce n’est souvent pas possible. » Margaux Bailleul a également la possibilité de délocaliser les partiels s’ils ont lieu pendant une compétition. « Les partiels ont lieu en ligne et une personne de l’équipe est certifiée pour nous surveiller », explique-t-elle.

Maintenir tous les voyants au vert

Au-delà d’une formation universitaire, ce sont tous les aspects de la vie quotidienne qui doivent s’adapter aux exigences du haut niveau, alors même que l’aviron n’est pas reconnu comme un sport professionnel en France. « On n’est pas rémunéré, on doit assurer nos arrières », précise Margaux Bailleul. Depuis octobre, la sportive fait partie de l’« armée des champions », une unité de l’armée de Terre lui assurant un solde et de quoi financer sa carrière sportive. En dehors de quelques jours de l’année consacrés à cette activité, elle est entièrement détachée afin de suivre son programme d’entraînement et les compétitions.

Une fois les finances trouvées, la sportive doit équilibrer sa vie en maintenant les trois curseurs au bon niveau : le sport, les études et la vie familiale et sociale. Pour 2024, année des Jeux olympiques et paralympiques (JOP) de Paris, la sportive a opté pour une année de césure à l’ENKRE : « c’est l’année la plus intense, où on fait un peu plus d’entraînement, souffle-t-elle. Finalement, j’ai un peu diminué l’école et favorisé de rentrer chez moi voir mes proches dès que possible. »

Trouver le bon accompagnement

Cette vie intense nécessite de la rameuse une attention particulière à son bien-être. Depuis le début de sa carrière sportive, Margaux Bailleul a appris à gérer le stress : « on a fait des erreurs avant et on s’en sert », résume-t-elle. En revanche, elle et son entourage sont particulièrement vigilants à la fatigue. « La fatigue entraîne une baisse de motivation, des difficultés à réviser, à se concentrer. C’est un cercle vicieux. » Pour en sortir, elle peut compter sur ses proches. La famille, deux coachs, un préparateur physique et le corps médical de l’INSEP constituent un solide appui afin de maintenir le moral et d’optimiser la préparation mentale.

Actuellement, avec l’équipe de France, la rameuse enchaîne les compétitions pour qualifier des bateaux sur chaque épreuve des JOP. Avec sa coéquipière, elle a déjà qualifié un bateau en deux de couple, course avec deux rameuses par bateaux portant chacune deux rames. Les sélections nationales des rameuses qui iront aux épreuves olympiques doivent avoir lieu fin juin. En attendant, « on continue à s'entraîner pour être performant et avoir seulement à répéter le geste, sans rien inventer », conclut la sportive de haut niveau.